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Illimani (6438m)

Après avoir échoué à 100m du sommet du Huayna Potosi, je (Gary) décide de repartir sur un autre sommet qui domine la Paz, l’Illimani (6438m) et cette fois-ci je le ferai avec un guide de la région, German, car la logistique ainsi que l’accès à la base sont bien plus compliqués.

Donc pour moi rendez-vous le mardi à 7h00 en bas de la casa de ciclista avec le guide. En tant que bon Suisse je me présente au rendez-vous à 6h59 et le guide à … 7h43 (et oui c’est l’heure bolivienne).

De là nous partons pour le petit village de Pinaya qui se trouve à 4h de route avec la voiture du guide. Nous sortons à peine de la Paz (1h30 de trajet) que la roue arrière se bloque et plus possible d’avancer. Le guide prend alors un taxi pour aller chercher de l’aide et reviendra 45 minutes après (cela me permettra de faire une petite sieste et de récupérer les heures de sommeil perdu au Huayna Potosi) avec un garagiste et ces 3 tournevis. Après avoir bien observé la manœuvre, j’ai compris qu’une pièce métallique s’était déplacée dans le tambour de frein et empêchait toute rotation de la roue. 1 petite heure supplémentaire s’écoule et nous repartons, pas très sereins, mais nous repartons tranquillement. Alors que la route se complique et que la civilisation disparait, la roue arrière se bloque à nouveau et le guide désespère. Je lui explique que nous pouvons essayer de le faire nous-même car j’avais bien suivi auparavant la manœuvre. C’est alors à coup de pierres et de ce que nous trouvons sur le bas-côté que nous arrivons à tout démonter. Le problème est le même, par contre il est impossible de remettre la fameuse pièce des freins. Je pense à un truc, mais en tant que personne raisonnée je ne le dis pas et le guide, en tant que bolivien … le fait. Et oui, il enlève cette pièce et la roue tourne de nouveau, mais … nous n’aurons plus de freins arrière.

C’est à ce moment-là que le guide se dit qu’il n’a plus de raison de rouler doucement (car cette pièce ne va plus gêner) et qu’il va pouvoir rattraper le temps perdu, mais c’est aussi à ce moment-là que la route devient de moins en moins praticable et que les précipices s’accentuent. Mais en Bolivie, il suffit de mettre une petite Marie au rétroviseur et cela vaut toutes les assurances du monde.

Vallée de Palca

Après bien des frayeurs, des sueurs froides et le corps bien crispé, nous arrivons au village de Pinaya (3817m) comme prévu pour le dîner à … 14h30. Ce village marque le début de l’expédition et la marche d’approche qui amène au camp de base. Comme je le pensais, tout est organisé, … donc il se met à la recherche d’un mulet et d’un porteur pour prendre un peu de notre matériel. J’avais demandé auparavant de n’avoir aucun porteur et se débrouiller entre les deux pour porter notre matériel, mais il m’avait répondu que c’était impossible. J’avais donc accepté à contre cœur le fait de prendre quelqu’un et en voyant le matériel du guide j’ai vite compris que c’était impossible … 3 casseroles en aciers, 1 réchaud de camping avec sa bombonne pour un groupe de 15 personnes, 1 tente 4 places, … , le strict nécessaire pour aller en montagne quoi.

Comme il était déjà tard, plus aucun mulet était disponible car déjà utilisé par les autres expéditions. Donc il m’explique qu’il y a une route carrossable pour aller jusqu’au camp de base (1er camp, 4496m) et qu’un porteur pouvait nous amener le matos au camp d’altitude (2ème camp, 5516m) tout cela le même jour. Il me dit que cette route n’est aujourd’hui plus utilisée, car interdite afin de ne pas enlever le business des porteurs locaux, mais comme nous prenions un porteur c’était ok.

Donc nous partons tous les 3 sur cette route « carrossable », mais je me rends vite compte que le mot carrossable n’est pas adapté. Car après avoir perdu 2 fois la roue de secours, arraché le par choque avant et arrière, s’être retrouvé avec une roue dans le vide nous arrivons au camp de base avec une grosse boule au ventre pour ma part. Il est alors 15h45 et il m’explique que les expéditions normales font cela le 2ème jour en 5 heures, en tant qu’ingénieur diplômé, je fais le petit calcul en sachant qu’à 18h il fera nuit. Mais le guide me rassure en me disant qu’on ira un peu plus vite et que le porteur monte très vite et qu’il aura le temps de tout préparer (si le guide le dit …). Un peu pressé par le temps, je ne demande pas de pause et le guide sera un peu étonné de nous retrouver au camp d’altitude (campo alto) à 18h et le porteur arrivera 1h15 plus tard avec la tente et le matériel de cuisine.

Donc nous montons la tente et le porteur redescendra l’arrête aussi de nuit. Lors du montage de la tente nous remarquons que la bâche extérieure n’est pas compatible avec la structure et qu’il est impossible de les attacher ensemble, le guide s’inquiète car il fait déjà très froid (toutes les couches d’habits avaient été mises). Comme le bon client que je suis j’ai toujours du scotch et des attaches plastique au cas où il faudrait réparer, donc je m’empresse d’attacher la tente avec les attaches plastique sous le regard du guide interrogé.

Nous pouvons enfin nous glisser dans nos sacs de couchage et cuisiner. Pendant le repas je lui poserai quelques questions, qui, à mon regard sont essentielles pour faire de l’alpinisme. Par son regard, je comprends vite que ce n’est pas dans ces préoccupations de savoir, comment est la météo demain ? La stabilité de la neige et le risque d’avalanche ? Enfin nous pouvons nous coucher à 23h et il m’annonce qu’on se lèvera à 1h et qu’on partira à 2h tout en m’expliquant qu’on fera 5h pour atteindre le sommet et j’espère au fond de moi, qu’il a pris en compte le rythme que nous avons eu pour atteindre le camp d’altitude.

Donc comme prévu nous partons de bonne heure et marchons rapidement pour ne pas dire trop rapidement. Quand je le tiens informé du dénivelé et du timing, il me dit qu’il faut ralentir et nous faisons des arrêts dans des pentes incroyables et dans un froid polaire. Malgré toutes les couches que j’ai sur moi, je grelotte et lui fais comprendre qu’il faut qu’on bouge. Le thermomètre m’annoncera au plus froid -11°C à cela il faudra rajouter par moment les 50km/h de vent, donc grosso modo une température ressentie d’une vingtaine de degrés en dessous de zéro. Malgré le froid je ressens des choses fantastiques et terrifiantes à la fois, nous sommes seuls, la paroi n’a pas encore été tracée (il y a eu un mort dans cette face 1 semaine auparavant à cause d’une avalanche et personne n’était encore monté depuis), tout est sombre, les raides parois sont juste éclairées par nos frontales, la lune et les étoiles. Nous pouvons aussi voir au loin La Paz, mais la civilisation nous parait très loin et nous nous sentons vraiment tout petit dans cette face à 60°. Nous atteignons enfin le sommet (6438m) à 6h15 … mais comme notre souffle est court ! De là nous avons une vue à 360° sur l’altiplano d’un côté et la partie plus humide à l’est, nous voyons même la courbure de la terre et les avions qui atterrissent à El Alto ne passent pas très loin de notre position. L’altitude, la fatigue, le paysage et l’émotion énorme me font lâcher quelques larmes que je ne peux retenir. Après une dizaine de minutes au sommet et quelques photos prisent, il nous faut redescendre avant que le soleil ne chauffe trop la face.

Sommet du Illimani 6438m

Bibi au sommet

Le guide et Gary

Danger bien visible de jour

Nous mettrons 1h30 (au lien des 4h) en assurant bien car c’était seulement la 2ème fois que je mettais les crampons depuis 1 année. Ensuite nous replions le camp et attendons 2h sur le porteur. Arrivé au camp de base, j’explique au guide et lui demande s’il a vraiment besoin de mon aide pour descendre avec son véhicule (faire des ponts avec les pierres pour traverser les cours d’eau). Comme il n’a pas besoin de moi, je décide de descendre à pied jusqu’au village afin de profiter au maximum de ces magnifiques paysages et surtout m’éviter la boule au ventre pour cette descente en voiture. Arrivé au village, pas de guide et la pluie se met à tomber, j’attendrai 1 heure comme cela.

Campo Alto 5516m

Vue depuis le Campo Alto

Descente au camp de base depuis le camp d’altitude

Village de Pinaya

Le guide me dit qu’il n’est pas trop fatigué et que nous pouvons rentrer à la Paz directement. Du coup j’accepte et lui fais la conversation malgré mon manque de sommeil pour éviter qu’il s’endorme car les routes ressemblent aux routes de la mort avec ces précipices de tout côté, à comparer, le val d’Anniviers c’est pour les enfants. À 18h, il me propose enfin de nous arrêter manger quelque chose, car depuis 1h du matin et les 2,3 biscuits avalés, nous n’avons rien mis dans notre estomac et les heures de marche ainsi que le dénivelé se font sentir. Nous prenons chacun 2 portions de « Pollo con arroz » que nous avalons en moins de 10 min.

Le retour à la Paz se fera de nuit et je dormirai comme un bébé cette nuit-là avec des souvenirs pleins la tête qui me sont compliqués à exprimer sous forme de texte.


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